Derrière la porte...

Publié le par David de...

Je suis insomniaque. Je n'y peux rien, c'est ainsi. 3 nuits que je n'ai pas dormi. Pas vraiment: 4h30. En 3 nuits...
Alors quand j'ai entendu frapper à la porte, je l'ai pensé dans un chantier, le type derrière la porte. Coulé dans une dalle de béton, le type derrière la porte. Dissous à la soude dans la baignoire.
Alors forcément, je lui en voulais à ce type derrière la porte. J'ai bondi, fou de rage, déterminé. Convaincu que c'était le bon choix. Chauffé à blanc par la haine, j'ai presque arraché la porte, les gonds en tremblent encore.
Hélas, mon fantasme vola en éclats: c'étaient deux jeunes gens qui venaient voir la petite juste au dessus, celle avec un petit bras déchiqueté par une presse de l'usine où elle travaillait pour un maigre salaire. Cette même petite qui croule sous les diplômes universitaires mais qui ne valent rien: le Marché n'en veut pas.
Le même petit moignon que garde précieusement dans sa poche le petit Jamel Debouzze.
A sa mort qui viendra à lui comme à nous tous, il restera dans les mémoires le petit homme avec une main dans la poche. Une main mordue par le métro gourmand de petits bras, de petits pieds, de petites vies et de petits cons (pas Djamel, je ne connais pas sa façon de penser) qui se cachent derrière la porte.
Depuis ce temps, j'attends le temps où le bois claquera au contact d'une petite main au bout d'un petit bras, au bout d'un huissier qui se trompera de porte.
Et ce jour là, j'aurai enfin le droit de dormir après l'avoir sacrifié au nom du Dieu de la miséricorde pour conjurer le sort de ceux qui tremblent derrière leur porte.
Avant d'être abattu par l'officier de police qui l'accompagne.